* Today, pseudo-sociological interview with two veiled students of the Istanbul Bilgi University. My first conclusions:
1- One can be veiled with a başörtü and be attractive (see picture), and/or even attracted…
2- Veiled girls are not inevitably dopey.
3- Wearing a veil has some social usefulness. This has notably to see with masculine behaviours.
4- There is a desire to take part to the public debate, and not in order to do “proselytism” (The only thing that the young ladies judged inappropriate in the behaviour of the other girls of the university was that sometimes they let their underwear be seen. Plus a little dig against premarital sex, “like animals”, that should remain hidden –One can appreciate here the nuance: It is not “forbidden”-).
5- Their opinion about “
laïcité” (secularism more or less) is radical. Using here the atheist arguments would make no sense, just as it makes little sense when one talks with Germans according to who any religion is a good. Two important factors determine much of the young ladies’ point of view on “laïcité”:
a- First there is an almost complete reconsideration of the “laïcité” in the name of the fact that, after all, the various religious feelings (Muslims but also “Jews” and “Christians”) could express themselves and the believers fulfil their religious duties (The young ladies would like to be allowed to have a corner of grass, for example, to pray in the university) without restricting the others’ freedom.
b- There is an almost entire ignorance of the arguments supporting “laïcité”. For example, they seemed to discover the idea that the depositaries (?) of public authority or its representatives should look neutral.
6- These young ladies feel more hung-up, as far as criticizing the intervention of the military in politics is concerned, than a lot of leftist democrats. The 1997 “post-modern coup d’État” against the Erbakan government seems a particularly big taboo.
7- The situation as it is nowadays, meaning the number of veiled girls, the way they are veiled and broadly speaking the way they conceive their place in the society, must be read as located within an historical and multi-factor process. Three factors seem already clear:
a- There is clearly a “religious revival” dimension with the adoption of the veil in families for which it was not the tradition.
b- There is a dimension one could call “an increasing place for women in the public life”, notably since these young ladies are studying and want to have, at least for some time, a employment, two things that their mothers had not the opportunity to do.
c- There is a dimension “bargaining on the supposedly sacred principles”. For example, it will not be so difficult for the university to compel them to wear a hat instead of a headscarf because the socio-economic priority is studying. Another example: The Sharia is good, but on the other hand, if it is necessary to enter European Union, maybe we can punish stealing other than by symbolically cutting 2 or 3 hands every year.
8- One should not conclude out of what is before that the speech of these young ladies is hypocritical. On the contrary the contradictions between the original harshness of the principles and the bargaining processes they undergo reveal that religion is ultimately one of many criteria when it is a matter of interests. Two examples:
a- Pleasure is ranked at the same level as the other expectations of a married woman (NB: The two young ladies are not yet married, despite that they are 24 and 25) and is not sacrificed in the name of her “duties”.
b- These young ladies judge the policies of the AKP government firstly according to its economic achievements and to the Turkish national, or even nationalist, interests (Cyprus, the Kurds…), not according to the extent it managed to “delaïcize” the society.
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Aujourd'hui, interview pseudo-sociologique avec deux étudiantes voilées de la Bilgi University d'Istanbul. Quelques réactions à chaud:
1- On peut être voilée d'un başörtü et être attirante (photo), voire même attirée…
2- Les filles voilées ne sont pas forcément des gourdes.
3- Il y a une utilité sociale à porter le voile. Cela a à voir notamment avec le changement dans les comportements masculins.
4- Il y a une volonté de participer au débat public, non pas dans le sens d'un "prosélytisme" (La seule chose jugée déplacée dans le comportement des étudiantes de Bilgi, c'est que parfois elles laissent voir leurs sous-vêtements. Avec aussi une pique contre le sexe avant le mariage "comme les animaux", qui devrait rester "caché" -On apprécie la nuance: Ce n'est pas "interdit"-).
5- La position sur la laïcité est radicale. Ressortir ici les arguments athées ne ferait pas sens, tout comme cela fait peu sens quand on parle à des Allemands croyants pour qui la religion, quelle qu'elle soit, c'est bien. Deux facteurs importants fondent le point de vue de ces demoiselles sur la laïcité:
a- Il y a une remise en cause presque totale de la laïcité au nom du fait qu'après tout les différentes sensibilités religieuses (Musulmans mais aussi "Juifs" et "Chrétiens") pourraient s'exprimer et les croyants accomplir leurs devoirs religieux (Ces demoiselles aimeraient pouvoir avoir un coin de pelouse pour prier) sans restreindre la liberté des autres.
b- Il y a une ignorance presque totale des arguments pro-laïcité. Ainsi, elles ont semblé découvrir l'argument selon lequel les dépositaires ou les représentants de l'autorité publique doivent paraître neutres.
6- Ces demoiselles sont plus complexées pour critiquer ouvertement l'intervention de l'armée en politique que toute une frange de démocrates de gauche. Le "coup d'État postmoderne" contre le gouvernement Erbakan en 1997 semble être un tabou particulièrement important.
7- La situation telle qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire le nombre de filles voilées, la façon dont elles sont voilées et plus largement comment elles conçoivent leur place dans la société, s'inscrit dans un processus historique multifactoriels. D'ores et déjà, trois facteurs apparaissent:
a- Il y a une dimension "renouveau religieux" avec l'adoption du voile dans des familles dont ce n'était pas la tradition.
b- Il y a une dimension "plus grande place des femmes dans la vie publique", notamment du fait que ces demoiselles font des études et comptent exercer, au moins pendant quelque temps, une profession, deux choses que leurs mères n'ont pas forcément eu l'occasion de faire.
c- Il y a une dimension "négociation des principes supposément sacrés". Par exemple, l'université va imposer le port du chapeau sans trop de problèmes car la priorité socio-économique, c'est d'étudier. Ou encore: La Charia c'est bien, mais en même temps, si c'est nécessaire pour intégrer l'Union Européenne, on peut punir le vol gratuit autrement qu'en coupant, symboliquement, 2 ou 3 mains par an.
8- Il ne faudrait pas conclure de ce qui précède qu'il y a une hypocrisie du discours de ces demoiselles. Au contraire les contradictions entre la rudesse originelle des principes et le processus de négociations auquel ces derniers sont soumis révèlent qu'au final la religion est un critère parmi d'autres quand il s'agit de défendre ses intérêts. Ainsi:
a- Le plaisir est placé au même rang que les autres attentes de la femme mariée (Ce que ces demoiselles ne sont pas, bien qu’elles aient 24 et 25 ans) et n'est pas a priori sacrifié au nom de ses "devoirs".
b- Ces demoiselles jugent la politique du gouvernement AKP en fonction tout d'abord de son bilan économique et des intérêts nationaux turcs (Chypre, Kurdes...), pas au regard de l'étendue de la délaïcisation de la société.